Dans ce corpus de photographies, le récit d’une année, et une narration croisée à trois éléments.
Il y a nous deux, elle et moi. Au commencement, un big-bang inaugural, un tout indistinct, qui, à l’instar d’un univers en perpétuelle expansion, créa finalement des astres dissociés.
Il y a la mer également.
Durant toute cette année, au cours de ces saisons qui s’enchainent, j’essaie d’observer, d’enregistrer et de retranscrire.
Ma fille va avoir, a déjà 18 ans. Spectatrice de ma propre vie, de ces derniers fragments d’intimité, de nos vies superposées, je cherche, en la regardant, à prendre la mesure du temps qui passe. Dans cet errement, cet «entre-deux », il y a des sentiments qui s’opposent, qui se juxtaposent, et qui parfois se réconcilient.
Quelque chose se termine. Une certaine insouciance, une forme de distraction propre à l’enfance, qui s’éloigne et dérive doucement.
Quelque chose commence. La métamorphose du corps, l'apparition d’une sensualité, un visage qui se porte vers l’ailleurs. Une envie, une impatience certainement, folle, irrépressible et parfois irrévérencieuse, de partir, de prendre le large, de se projeter dans un avenir abstrait, indistinct, et pourtant si désirable.
Et puis, entre nous, en une forme de correspondance, de relation épistolaire, il y a la mer, troisième personnage omniprésent et grandiose. Immuable et rassurante, elle devient parfois troublante, nous suggérant sans cesse de lever le regard vers l’horizon, où surgissent alors quelques lointains flous et mystérieux.
Une année « brouillard », une année au subjonctif en somme, où demain, tout sera possible mais incertain.
Un dernier huit clos mélancolique. Une ultime tentative que quelque chose subsiste.